Voilà quelques articles de là, j'avais évoqué un roman policier ancré dans l'univers du tango argentin. Dans le monde si divers et désormais si pléthorique de la littérature policière, mes pas de lecteur encore assez novice dans ce genre me conduisent, sur les conseils de mon épouse, au-delà du rideau de fer et au son de la balalaïka, sur les traces de Tom Rob Smith qui, dans Enfant 44, nous entraîne dans l'Union Soviétique l'année de la mort de Staline, aux côtés de Leo, un agent de la police politique tombé en disgrâce et qui s'acharne à élucider des meurtres en série de jeunes enfants.
On est évidemment assez loin de Tintin au pays des Soviets: peu de détails nous sont épargnés sur les aspects sordides de ces meurtres (je passerai sous silence le moment peu ragoûtant où le meurtrier fait rissoler l'estomac de l'une de ses petites victimes pour le donner à déguster à son chat préféré!). Il est vrai que la restitution de l'univers oppressant de la société soviétique de cette époque, fondée sur le soupçon et la délation chroniques, sonne assez juste et nous donne des envies d'anticommunisme primaire.
Avouons aussi que le récit est bien ficelé, sans longueurs, et nous pousse assez vite à dévorer les uns après les autres les chapitres, toujours assez courts, afin de connaître le dénouement: apparamment le signe habituellement considéré d'un roman policier de qualité. Même si, inexplicablement à mon goût, l'auteur se "tire une balle dans le pied" en nous révélant bien trop tôt l'identité du "serial killer" (ce que je me garderai bien de faire ici et maintenant). Du même coup, les cent dernières pages perdent sérieusement de leur saveur.
Saveur. C'est sans doute là-aussi que le bât blesse lorsque l'on considère le style! La comparaison ne soutient guère la route avec le roman de Vazquez Montalban, évoqué plus haut. De mon point de vue, et pour dire les choses avec modération, le style est, au mieux, "international". Je veux dire par là qu'il est aussi caractéristique de Tom Rob Smith qu'un hamburger de n'importe quel "fast food" du monde, qu'il nous soit servi à Buenos Aires ou... Moscou!