En dehors des saintes, les femmes d'exception ne sont pas si nombreuses à être reconnues par l'Eglise catholique: là aussi la parité se fait attendre! D'autant plus remarquables sont celles qui parviennent à imposer leur personnalité et leur savoir: c'est le cas d'une moniale du XIIème siècle, Hildegarde de Bingen dont le destin est retracé dans le court récit de Lorette Nobécourt joliment intitulé La clôture des merveilles.
Dans une langue dépouillée et en même temps très élaborée, très proche de la poésie, il nous est donné de suivre au plus près Hildegarde dans les grandes étapes de sa vie et dans ses pensées les plus secrètes. Il nous est donné à voir la religieuse avec la même grâce et la même acuité que cette dernière voyait la révélation divine.
Femme sainte mais aussi femme de caractère qui, en cette époque d'écrasante domination masculine, non seulement s'impose à ses corréligionnaire et à la hiérarchie catholique mais a également l'audace d'écrire sa vision du monde en faisant du bonheur de vivre, et de vivre dans la présence de Dieu, sa constante préoccupation. Et l'on découvre une femme d'une extrême sensibilité au monde qui l'entoure: pour Hildegarde, le bonheur intérieur n'est possible qu'en s'appropriation la joie du monde extérieur.
Et c'est par le verbe qu'elle chante la seule vérité qui compte vraiment: la "vie vivante" dans l'enceinte merveilleuse de la clôture monacale.