Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 08:45

turquetto          L'art, à chaque époque, a ses héros et ses martyrs. Le roman de Metin Arditi, Le Turquetto, nous entraîne sur les traces (fictives) de l'un de ces martyrs qui fut, un temps, un héros: petit juif originaire de Constantinople, Elie Soriano,  devient élève du Titien, dans la Venise luxuriante de la Renaissance italienne, puis, comme tout bon élève, il surpasse bientôt le maître, il surpasse même tous les peintres de son époque avant de connaître un destin tragique et de disparaître dans les oubliettes de l'histoire... à l'exception d'un tableau exposé au Louvre, L'homme aux gants, signé du Titien mais qui serait plutôt de l'un de ses élèves. C'est d'ailleurs de cette toile qu'Arditi est parti pour écrire son roman.

          Tout au long de courts "tableaux", le récit nous conduit du Bazar de Constantinople où grandit le petit Elie, fils de marchand d'esclaves juif, aux ateliers de Venise où il se convertit au catholicisme et devient l'un des plus grands peintres de son époque. Jusqu'à peindre une Cène absolument "innovante" (mais dont je ne dévoilerai pas ici les secrets) qui va provoquer un procès en hérésie et sa chute brutale: la Roche tarpéienne est proche d'où vous savez!

          Sans jamais beaucoup approfondir, le romancier nous fait réfléchir sur l'art (lorsqu'il dessinait, le Turquetto "était, enfin, maître de sa vie"), sur la religion (à travers le destin du Turquetto c'est l'affrontement séculaire des trois grandes religions monothéistes qui est abordé) et sur les rapports toujours ambigus entre l'art et le pouvoir: le parvenu Filipo Cuneo veut s'imposer définitivement à l'élite politique vénitienne grâce à son soutien au Turquetto: "A la grandeur et à la simplicité, il allait ajouter l'art"); or, cela causera indirectement la déchéance du peintre surdoué.

          Un seul regret de lecteur, peut-être: la dernière partie ne paraît pas nécessaire, elle donne l'impression d'une difficulté à terminer un roman qui se lit par ailleurs avec beaucoup de fluidité et qui regorge de détails, sans doute loin d'être anodins, comme la description du visage du Turquetto, sans cesse comparé à une tête de rat ou comment la laideur peut engendrer tant de beauté.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Quatrième De Couverture

  • : Livres-sur-le-net
  • : Blog sur lequel sont publiées des oeuvres de l'auteur (sous forme de feuilleton) ainsi que des articles sur les livres qui comptent pour l'auteur. L'envie de partager l'amour de lire et d'écrire.
  • Contact

Parole d'auteur

"... je connaissais l'histoire de dizaines d'écrivains qui essayaient d'accomplir leur travail malgré les innombrables distractions du monde et les obstacles dressés par leurs propres vices."

 

Jim Harrisson in Une Odyssée américaine

 

"Assez curieusement, on ne peut pas lire un livre, on ne peut que le relire. Un bon lecteur, un lecteur actif et créateur est un relecteur."

 

    Vladimir Nabokov in Littératures

A La Recherche...

Le Temps Retrouvé