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20 décembre 2011 2 20 /12 /décembre /2011 19:04

erri de luca          Peut-on être heureux à l’ombre du Vésuve ? Peut-on être heureux lorsqu’on est pauvre et orphelin ? En lisant le roman d’Erri de Luca, Le jour avant le bonheur, tout lecteur sensé répondra par l’affirmative. Car les quelques pages de ce court roman sont un condensé d’apprentissage du bonheur… malgré tout.

          Nous sommes à Naples quelques années après la Seconde Guerre mondiale. Le narrateur est orphelin et il vit en compagnie et sous la protection de don Gaetano, concierge d'un immeuble du centre historique de la ville. En une petite centaine de pages, le jeune garçon grandit, apprend la littérature et les jeux de cartes, apprend la vie et l'amour, apprend la violence et la mort et, à la fin du récit, il doit fuir vers l'Argentine comme l'a fait don Gaetano en son temps: il doit renoncer à Naples, la ville qui lui a appris le bonheur ("Je dois t'apprendre et je dois te perdre").

          Bien sûr, au coeur du récit et de l'apprentissage du narrateur, il y a une jeune fille, entrevue dans l'enfance ("Le jour avant le bonheur n'était pas encore arrivé pour moi"), jamais oubliée et qui fera connaître au jeune garçon le bonheur puis le malheur le temps d'un été. Car Naples la généreuse, gorgée de soleil, sait aussi se montrer impitoyable envers ses enfants, au pied toujours menaçant du volcan.

          Erri de Luca a écrit un roman d'apprentissage comme chacun d'entre nous aime à en lire car on y trouve toujours quelque chose de nos propres années d'enfance. Le récit est court mais truffé de merveilleuses et savoureuses remarques sur les livres (les enfants qui jettent les livres des parents sans savoir que c'est un peu de leur vie qu'ils font disparaître), le bonheur ("J'ai appris ainsi qu'on oublie le bonheur le jour après"), la ville ("La nuit, la ville est une poche retournée"), l'éducation ("Dans les têtes entrait la lumière, comme il en entrait dans la salle").

          Le bonheur après ce livre reste un grand bonheur.

         

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18 décembre 2011 7 18 /12 /décembre /2011 09:39

anatomie-d-un-instant          Se souvient-on encore qu'il y a trente ans à peine, trente ans déjà, la démocratie espagnole a failli disparaître, le temps d'une nuit, celle du 23 février 1981, le temps d'un instant, celui de l'intervention de militaires rebelles à l'intérieur du Parlement espagnol? C'est sur cet "instant" que revient Javier Cercas, dans un essai proche de la chronique: Anatomie d'un instant.

          L'auteur n'avait que 19 ans ce jour-là et à la toute fin de l'ouvrage, il évoque ce moment de sa jeunesse dans les discussions politiques qu'il avait avec son père à propos d'Adolfo Suarez, chef du gouvernement de l'époque, et qui est en quelque sorte le personnage central de cette "non-fiction" si proche de la fiction. Et dans un raccourci lumineux, il évoque aussi la mort de son père qui intervient au moment où, après des années d'absence, le vieux Suarez fait une réapparition publique, sorte de statue du Commandeur d'une démocratie désormais bien établie.

          Car l'instant "autopsié" par J. Cercas c'est celui où trois hommes affrontent sans trembler les tirs nourris déclenchés par les insurgés au sein des Cortes tandis qu'une caméra filme un hémicycle soudain désert (tous les députés se sont couchés sous les sièges). Adolfo Suarez, chef du gouvernement démissionnaire, est au centre de cet instant historique et son geste restera dans l'Histoire comme le symbole d'une démocratie toute neuve, imparfaite mais qui ne veut pas se courber sous les derniers soubresauts du franquisme.

          Le récit minutieux, rythmé par les images sans cesse reprises et analysées de ce moment suspendu dans le temps de l'histoire en marche, nous emporte dans l'Espagne de la fin des années soixante-dix tandis que se met en place dans la douleur une monarchie parlementaire qui peine à faire le deuil de 40 ans de dictature. Au centre de l'ouvrage, les gestes et le destin de plusieurs hommes sont disséqués: Suarez donc, ses rares soutiens, les militaires impliqués de près ou de loin dans le "putsch" et le Roi Juan Carlos dont le discours télévisé en plein milieu de la nuit madrilène fera basculer l'Espagne du côté lumineux de la démocratie. Le Roi dont on découvre les hésitations, sa peur de perdre une couronne pour laquelle il a lutté avec acharnement mais qui, paradoxalement, semble un peu en retrait dans le récit de Cercas.

          Car le véritable héros de l'instant, c'est bien Adolfo Suarez, homme politique "pur" (au sens de grand fauve de la politique), obsédé par le pouvoir mais grand artisan de la disparition du franquisme, complètement affaibli par la tourmente économique et les attentats de l'ETA à la fin de son mandat mais capable d'une grandeur inattendue au moment où l'Histoire vient à sa rencontre, d'une grandeur "théâtrale" merveilleusement décrite par J. Cercas.

           Autant que le discours du Roi, c'est le geste de refus de Suarez qui fera passer cet instant à la postérité.

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4 décembre 2011 7 04 /12 /décembre /2011 17:23

pays des merveilles          N'y aurait-il pas tromperie sur la marchandise, se demande-t-on en refermant Le pays des merveilles, roman de l'italien Giuseppe Culicchia?

          Oh, bien sûr, on en aime la lecture, on apprécie les moments (nombreux) d'humour autant que les pages plus graves sur l'Italie des années de plomb, plus particulièrement 1977 puisque le récit est centré sur  cette année scolaire de deux adolescents de quatorze et quinze ans! On avance vite dans les très courts chapitres, impatient de connaître la suite des aventures d'Attilio, timide garçon d'ouvriers, qui se lie d'amitié avec l'improbable Franz Zazzi, rebelle tendance "punko nazi" (sic), cauchemar des professeurs tant par son langage imagé que par son indécrottable refus d'étudier. Tout cela dans un village près de Turin où, bien sûr, il ne se passe rien: la plaie, comme dirait Attilio! Bien sûr,  au milieu d'une rimbanbelle de filles plus ou moins moches, il y a aussi Alice, la soeur chérie, qui a quitté la maison à peine ses 18 ans accomplis, Alice à qui Attilio confie ses tourments d'adolescent qui se cherche, Alice qui pourrait avoir inspiré le titre du roman (genre "Alice au pays des merveilles") et qui passera "de l'autre côté du miroir" dans les dernières pages du roman. Il y a encore Margherita, la fleur de la classe terminale du lycée privé d'à côté, inaccessible et fascinante, omniprésente dans les pensées d'Attilio, "la merveille du pays" en quelque sorte!

          Oui mais voilà! Cette lecture qui avance si vite, trop vite, si apparemment jouissive parce qu'elle fait appel en nous à tant de souvenirs d'enfance, à tant de tourments partagés et tant de situations prises sur le vif de notre propre adolescence, cette lecture laisse en bouche peu de traces, un peu comme un vin trop jeune. Commençons par l'utilisation un peu (trop) mécanique du langage "jeune": plus le récit avance et plus horripile l'utilisation de termes en majuscules tous les trois mots que prononce le déjanté Zazzi. Tout comme devient insupportable l'usage de la répétition de certaines scènes, certaines situations, mot pour mot, même si l'idée de départ paraît plutôt bien inspirée: mettre l'accent sur le temps immobile que l'adolescent voudrait voir s'accélérer pour arriver plus vite à l'âge où il va enfin lui arriver des choses différentes. Trop de lieux communs aussi: le grand-père qui est le seul membre de la famille à comprendre les ados, la mère bigote et jalouse de ses soeurs, le père absent (jusque dans son regard), prématurément vieilli par son boulot d'ouvrier, le lycée de riches à côté du lycée professionnel, les professeurs psycho-rigides ne comprenant évidemment rien à la tragédie de la sortie de l'enfance, le chêne confident du narrateur et que l'on finit par abattre, la ville moderne qui gagne sur la campagne de notre enfance etc...

          Alice ne revient pas indemne de ce pays qui promet monts et merveilles... un peu facilement!

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 21:34

pile de livres          Comment ne pas apprécier un livre qui commence sur ces deux phrases courtes et décisives: "Je pourrais peut-être vivre sans écrire. Je ne crois pas que je pourrais vivre sans lire"? Alberto Manguel, écrivain né argentin et devenu canadien, énonce donc le fond de sa pensée dès le début de son essai Une histoire de la lecture.

          L'ouvrage est un hymne fervent, sensuel et convaincant au livre, à ses yeux (et aux nôtres bien sûr) en quelque sorte la plus noble création de l'homme. Tout au long des âges de l'humanité, s'écrit devant nous l'histoire d'un objet d'exception, d'un objet de plaisir et de science, d'un objet rare d'abord, abondant ensuite, d'un objet d'élite jadis, de masse aujourd'hui, d'un objet adoré des clercs, brûlé par les tyrans, d'un objet public et si intime pourtant.

          C'est l'épopée du livre qui nous est contée, c'est aussi la magnifique relation de l'homme à cet objet que l'on appelle la lecture, qu'elle soit silencieuse ou à haute voix, publique ou privée, c'est enfin l'histoire multiple et infinie des lecteurs que nous sommes tous qui est retracée, "leurs gestes, leur savoir-faire, le plaisir, la responsabilité et le pouvoir que leur procure la lecture...".

          Un livre obligatoire pour tous ceux qui ont oublié ce que lire veut dire et même pour "nous, lecteurs d'aujourd'hui, que l'on dit menacés d'extinction, nous [qui] avons encore à apprendre ce que c'est que de lire". Un livre à mettre entre toutes les mains, surtout celles de nos enfants pour qu'ils ressentent un jour la même joie que celle que nous avons un jour éprouvée à la lecture d'un livre favori et qu'Alberto Manguel nous fait si bien revivre: "Je ne crois pas pouvoir le rappeler joie plus grande, plus complète, que celle d'arriver aux quelques dernières pages et de poser le livre, afin que la fin ne se produise pas avant le lendemain, et de me renfoncer sur l'oreiller avec le sentiment d'avoir bel et bien arrêter le temps". 

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 17:02

Spooner          Il y a dans les lettres américaines contemporaines, si foisonnantes et si fascinantes (voilà sans doute la remarque typique d'un européen à la fois fasciné et agacé par les reflets du (faux) mythe américain sans cesse renouvelé), il y a donc une sorte de petit refrain familier que l'on écoute en sourdine d'un récit à l'autre, une façon si particulière de raconter, sur un ton tour à tour grave et drôle, l'histoire de mecs normaux pas tout à fait si normaux que cela. Et c'est le cas du roman de Pete Dexter, intitulé Spooner, du nom de son héros ordinaire à la vie presque peu ordinaire.

          Car le Spooner en question a déjà beaucoup de mal à naître - tiens, cela rappelle Le monde selon Garp de J. Irving et plus généralement une façon toute américaine de commencer un roman, un rappel peut-être inconscient et collectif à l'enfantement douloureux de l'indépendance des Etats-Unis et à la conquête de l'Ouest. Et voilà que cettee venue au monde un peu laborieuse, sorte de faute originelle, fait de Spooner un gamin presque ordinaire mais capable à quatre ans de s'introduire chez les voisins et... de pisser dans une paire de chaussures qu'il glisse ensuite dans le réfrigérateur. La suite de son enfance et de sa vie d'homme est du même acabit.

          Et bien sûr, Spooner devient écrivain: que peut donc faire d'autre un américain presque normal de nos jours? Autour de Spooner, d'ailleurs, d'autres personnages, presque aussi ordinaires que lui, font aussi la joie du lecteur, comme par exemple son beau-père, son ange gardien, Calmer, ex-amiral chassé de la marine et devenu d'abord papa-poule de Spooner puis professeur de lettres; ou ses frères tous plus ou moins surdoués et donc quelque peu "bizarres".

           Le portrait entraînant et intime d'une Amérique très américaine (il faut pouvoir situé sur une carte le Dakota du Sud!), très ordinaire mais, somme toute, un peu à la dérive désormais.

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 17:08

porte-du-soleil          Il y a des années de cela, j'ai découvert la beauté minérale du site archéologique de Tiahuanaco en Bolivie et voilà qu'au hasard d'une déambulation dans une librairie de Valencia, en Espagne, je mets la main sur un roman de Matilde Asensi, El origen perdido (je ne sais pas si le roman est traduit en français) qui me replonge au coeur de cette culture pré inca et dont il reste aujourd'hui les pierres colossales de Tiahuanaco, sur les bords du lac Titicaca, et la langue aymara encore parlée de nos jours par près de deux millions de boliviens, péruviens et chiliens.

          L'intrigue est simple, assez conventionnelle et digne d'un film de la série des Indiana Jones ou des aventures de Tintin: un jeune archéologue de Barcelone, qui travaille sur le langage aymara, est victime d'une malédiction qui le laisse presque mort; son frère, hacker de profession, accompagné de deux autres hackers et d'une archéologue spécialiste de la culture de Tiahuanaco, part en Bolivie à la recherche d'un monde perdu, au milieu d'une jungle inaccessible, dans l'espoir de trouver l'antidote à la malédiction.

          Je me laisse porter par le récit, d'abord lent puis qui devient passionnant lorsque l'auteur aborde l'histoire de cette civilisation pré colombienne et qui se déroule ensuite au rythme classique d'une exploration dans l'espace (une jungle impénétrable, mystérieuses et pleine de pièges) et le temps (une pyramide, des sarcophages, de l'or à profusion et les lointains descendants d'une civilisation engloutie par la conquête espagnole...). Au-delà du récit certes prenant mais somme toute trés conventionnel, des personnages assez stéréotypés et d'une certaine naïveté de ton, l'idée du pouvoir du langage, souvent mise en parallèle avec la programmation codée en informatique, donne une certaine unité au roman.

          Et pour qui a, jadis, mis ses pas dans ceux des anciens maîtres de Tiahuanaco, à l'ombre de la Porte du Soleil ou au pied du Temple de Kalasasaya, le récit de Matilde Asensi ouvre le chemin qui mène à la recherche d'un temps perdu.

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30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 10:49

la couleur des sentiments          On pouvait s'attendre au pire avec le sujet du roman de Kathryn Stockett, La couleur des sentiments. Qui dit d'ailleurs que le pire n'est pas à venir avec le film qui sort en ce moment sur nos écrans et dont j'entends dire qu'il est assez mélodramatique (à suivre...)? Mais le livre, lui,  est tout sauf manichéen.

          Picture (comme disent les américains): 1962, le Sud (avec majuscule!) des Etats-Unis, Jackson, petite ville du Mississippi, assoupie dans sa bonne conscience bourgeoise et blanche, où il ne se passe rien et où rien ne doit changer, où les blancs ont des bonnes noires qui se chargent de tout à la maison, de l'argenterie à l'amour des enfants (sic), où chaque communauté vit côté à côte mais surtout séparément, où il y a des restaurants pour blancs et des restaurants pour noirs, une bibliothèque pour blancs et une pour noire (évidemment bien moins fournie) etc... A l'heure où Kennedy et Luther King entreprennent la lutte contre la ségrégation raciale, à Jackson, Mississippi, les dignes dames blanches jouent au bridge, servies par des bonnes en tablier blanc impeccable, se réunissent en ventes de charité (pour les enfants affamés d'Afrique, re-sic) et décident de faire installer des toilettes séparées pour les employées noires, qui, c'est bien connu, souffrent de maladies bien à elles et surtout contagieuses.

          Oui, mais voilà: à Jackson, il y a aussi Miss Skeeter, jeune fille blanche un peu différente, qui se met en tête de questionner l'ordre établi en collectant le témoignage de quelques bonnes pour les faire publier (espère-t-elle, écrivain en herbe qu'elle est) par une grande maison new-yorkaise. Or cela pourrait donner lieu à un déchaînement de stéréopypes sur les blancs et les noirs et ce n'est pas le cas: des deux côtés, on rencontre de vilains personnages (Hilly, la présidente de la Ligue de bienfaisance, est une bourgeoise blanche à qui on donnerait des claques avec plaisir mais aussi Leroy le mari noir qui bat sa femme) et des gens de bonne volonté (Célia, la blanche un peu paumée qui cherche l'amitié de sa bonne et les bonnes qui finissent par se laisser convaincre de faire avancer les choses).

          Peut-être parce qu'il y dans le récit une large part autobiographique comme on le comprend à la lecture de la postface intitulée "Trop peu trop tard". Au fur et à mesure qu'avance le récit, le lecteur découvre seulement peu à peu, à travers les yeux de la jeune narratrice blanche, ce qu'il y a "de pourri au royaume" de Jackson, ce qui pourrait changer, ce qui ne changera peut-être jamais et ce qu'il y a aussi de bien, parfois, au coeur de certaines familles. L'authenticité du récit est renforcée par la parole donnée à deux des bonnes, Aibileen la sage et Minny la bourrasque. Scènes comiques et scènes dramatiques alternent avec naturel, comme dans la "vraie vie", et nous mènent doucement au dénouement qui, bien sûr, n'est "ni noir ni blanc".

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16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 22:40

14Peniscola          Lire un premier roman, c'est un peu comme entrer dans une nouvelle maison: bonne ou mauvaise surprise? Avec le premier roman de l'italien Alessandro de Roma, Vie et mort de Ludovico Lauter, c'est une divine surprise qui attend le lecteur!

          En refermant le livre, je me pose en effet une question qui, à mon sens, est toujours un bon signe: "ai-je vraiment tout à fait tout compris après cette première lecture?". Plutôt bon signe surtout si la lecture a été agréable et passionnante! Car ce premier roman est vraiment original; voilà déjà quelque temps que je n'avais pas lu un récit aussi original.

          En quelques mots, voici la trame: Ettore Fosseli est un écrivain raté qui se réfugie en Sardaigne, dans une  maison près de la mer,  pour écrire la biographie d'un des derniers grands écrivains de son époque, Ludovico Lauter, né en Sardaigne d'une mère italienne et d'un soldat allemand d'occupation. Tout au long du récit, l'on découvre le génie précoce de Lauter, la puissance de ses romans et l'immense gloire qu'ils lui apportent mais aussi une sorte de monstrueux narcissisme qui se dégage de cet homme enfermé dans la profonde solitude du créateur de génie.

          Le roman pose de nombreuses questions liées à la création littéraire tout en mettant en place un récit alerte et haletant;  mais il réserve surtout une jolie surprise dans les ultimes feuillets, surprise que je me garderai bien de dévoiler mais qui laisse le lecteur pensif... D'où ma question posée plus haut: "ai-je vraiment etc..."

          Et cerise sur le gâteau, c'est aussi l'occasion de découvrir une île peu connue, la Sardaigne, et d'éprouver l'envie d'aller un jour déambuler sur ses plages, à la recherche des traces qu'aurait pu y laisser un certain....Ludovico Lauter.

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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 18:54

Jaurès          C'est par ces belles paroles, prononcées par Jaurès, que s'achève l'essai biographique de Jean-Pierre Rioux, Jean Jaurès. Ce chemin sombre c'est celui qu'il souhaite voir emprunter par les socialistes pour arriver à la clarté d'un monde plus juste.

          Vieux rêve, sans doute un peu chimérique, qui a déjà cent ans d'âge mais que nombre d'entre nous couvent encore secrètement en eux à l'heure où, justement, les héritiers de Jaurès se lancent dans la belle bataille démocratique des primaires qui n'est que le point de départ d'un long parcours vers le rendez-vous de 2012.

          Ce que je retiens surtout de l'essai de M. Rioux, c'est la figure d'orateur de Jean Jaurès, dont la seule voix, les seuls gestes, les seuls mots sont parvenus à retourner des foules entières que ce soit dans les couloirs de l'Ecole Normale de la rue d'Ulm, auprès des mineurs de Carmaux ou dans les meetings électoraux fiévreux de la IIIème République.

          Jaurès est sans doute resté aussi fortement ancré dans l'Histoire et dans nos souvenirs parce qu'il a été abattu le jour même de la mobilisation de l'été 1914, lui qui avait tant lutté pour éviter la guerre et qui, sans aucun doute, aurait voté la guerre comme un seul homme. Mais c'est aussi parce qu'il n'était pas unidimensionel, qu'au-delà de l'homme politique, il y a avait le professeur, le philosophe, l'humaniste, le bon vivant, le bon père de famille, le défenseur des droits de l'homme, le pourfendeur du colonialisme et j'en passe...

          Républicain assurément (en un temps où la République pouvait encore vaciller comme lors de l'affaire Dreyfus), socialiste sans doute (défenseur inlassable d'une unité socialiste jamais acquise) et homme de bonne volonté certainement, injustement assassiné le long du "chemin sombre" qu'il suivait fidèlement pour le bien de l'humanité. 

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2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 18:50

la grande maison         C'est l'histoire d'un bien étrange bureau! Il passe de mains en mains, prend une place centrale dans la vie des protagonistes et son origine reste plutôt mystérieuse. Il est au coeur du second roman de l'écrivain américain Nicole Krauss intitulé La grande maison.

          Ce livre est de ceux que l'on repose un brin intrigué après une lecture pourtant avide. Quatre histoires se déroulent en parallèle, des histoires sombres où les narrateurs sont entourés d'une profonde solitude, sont en proie au doute, sont confrontés à l'épreuve de l'écriture ou se heurtent au mystère de l'autre que l'on n'arrive jamais à connaître. Le dénominateur commun à ces quatre récits est un grand et massif bureau en bois aux très nombreux tiroirs dont on croit comprendre qu'il aurait appartenu à Garcia Lorca (quoique pour l'un des récits, il n'y a guère de trace visible du meuble).

          Que nous dit ce bureau omniprésent? Est-ce un symbole du fardeau que le peuple juif porte depuis l'aube des temps? Est-ce une allégorie de l'écriture, multiple, à tiroirs? Est-ce l'image de la solitude de l'être humain, insondable, étranger à lui-même et à l'autre? La référence à la destruction du Temple de Jérusalem et à la "grande maison", école rabbinique des premiers temps d'après le Temple au coeur de laquelle le Talmud prend forme, renforce la part de mystère de ce livre plus qu'elle n'en éclaire le sens.

          Que se cache-t-il donc au fond des tiroirs du grand bureau de bois foncé? Peut-être le mystère insondable de la littérature.         

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Quatrième De Couverture

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Parole d'auteur

"... je connaissais l'histoire de dizaines d'écrivains qui essayaient d'accomplir leur travail malgré les innombrables distractions du monde et les obstacles dressés par leurs propres vices."

 

Jim Harrisson in Une Odyssée américaine

 

"Assez curieusement, on ne peut pas lire un livre, on ne peut que le relire. Un bon lecteur, un lecteur actif et créateur est un relecteur."

 

    Vladimir Nabokov in Littératures

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